LES INROCKUPTIBLES CHRONIQUENT "BALLROOM" DE TAHITI 80

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TAHITI 80 - Ballroom

Produit par Richard Swift, le sixième album de Tahiti 80 confirme le génie mélodique des Normands. Critique et écoute.

Un peu avant l’été, Tahiti 80 se rappelait à notre souvenir amoureux en publiant la merveille Crush!, chanson pop parfaite qui a depuis, chaque jour, en boucle infinie, imposé son air chaud, sa basse montée sur pneumatiques et son énergie de petit soleil domestique. Premier extrait de Ballroom, Crush! était alors accompagné d’une magnifique reprise (de volée) du Garra de Marcos Valle. La face B n’est pas présente sur l’album des Français mais elle annonçait pourtant déjà le “joga bonito” qui s’y déroule.

Car si le nom du groupe est pacifique, si son principal marché est japonais, si son génome est anglo-saxon (le groupe cite autant les Beach Boys que McCartney et, cette fois, les mélanges savants de Primal Scream sur Screamadelica), son oeuvre pourrait, au total, être considérée comme une forme pop du “beau jeu” à la brésilienne. Ballroom confirme : il est une série sans faille de chansons chaloupées et réjouissantes, de mélodies débottées avec l’agilité cool d’un Garrincha, un carnaval de contre-pieds et de petits ponts, de galopades imprévues et de gestes fous. Autogéré sur ses trois précédents albums, Tahiti 80 est cette fois allé chercher dans la science sonore du brillant Richard Swift (collaborateur ou producteur des Shins, des Black Keys ou de Foxygen) un terrain synthétique capable de révéler la grandeur de ses ambitions.

Ronde mais pointilleuse, la mise en son de l’Américain frotte la saudade électronique aux organes palpitants et dévoile à la perfection la dualité géniale du groupe, entre crochets mélodiques instantanés et sens maniaque du détail expérimentateur. La promenade T.D.K., transformée en randonnée stellaire par des envolées magiques, l’autre petit tube sur ressorts Coldest Summer, presque un morceau de Hot Chip, les refrains en fleurs enivrantes de Missing ou Seven Seas, les deux visages, menaçant et champêtre, de l’impressionnante The God of the Horizon, la beauté renversante de Love by Numbers, l’amplitude formidable de Back 4 More ou le finale élastique Solid Gold : sixième album du groupe, Ballroom est aussi une sixième étoile sur leur maillot de champions du monde pop.

Thomas Burgel - Les Inrockuptibles